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Marc HUBERT:peintre matiériste, sérigraphe, monomaniaque, artiste urbain...
8 septembre 2009

A propos du piéton de Marc Hubert --->Jean-Philippe Goffaux - Janvier 2008

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PIETON… L’essence de l’ombre.

Attention symbole. Le piéton est une coquille vide, le point zéro de notre humanité. Décorporé de toute matière il est la forme vide de l’identité, la pure tautologie, l’axiome de l’obéissance à la loi. Moi égal moi ou tout autre, je est un autre, équivalence de principe pour un jeu de miroirs lissés, où l’épaisseur se perd, se nie en tant que telle. Soi n’est plus que l’ombre de soi même. 

Ainsi le corps déambule, anonyme, comme s’il était sans épaisseur, sans implications aucune. Il glisse dans le champ social, sa transparence est sa négation même, ou plutôt la parfaite ordonnance de ses actions fait que ce corps s’intègre.

Corps parfaitement ordonné, corps vide, corps transparent : corps d’un moi qui s’intègre sous la forme de l’autre ou d’être autre, avant toute chose.

Le piéton est la forme minimale que l’on se concède tout comme on la prête à l’autre : en un sens cela nous arrange, nous restons le foyer des valeurs, libre à nous de colorer notre être comme celui des autres, de la manière qu’on l’entend. Ainsi nous pouvons au besoin rester seuls au monde en milieu urbain : il n’y a que des coquilles vides, et seul soi possède la couleur.  Nous pouvons encore y être le dernier homme ou le seul doté d’un intérieur, d’une richesse ou d’une humanité.

L’anonymat, produit de la société de masse, confère paradoxalement une certaine liberté. Bien entendu cette liberté trouve très vite sa limite, précisément dans ce type d’injonctions qui sont autant d’appels à la sérialité. Attention piéton. Ce qui est laissé libre c’est l’investissement, tant que l’on sauve les apparences. Il n’est plus nécessaire d’investir l’une ou l’autre foi ou idéal, plus nécessaire de créer, il suffit de fonctionner abstraitement, machiniquement.

Cet investissement laissé libre, ce vide promulgué d’un homme sans épaisseur, est sitôt offert au marketing, aux publicistes, aux techniciens de l’âme qui se donnent pour mission de colorer le dedans de l’être, de le capter, d’en récolter les fruits de manière indirecte.

Ce qui fait que le soi, piéton sans épaisseur et sans lien probant, dernier homme et seul au monde, comme tout autre homme, se déplace sans épaisseur, c’est que tel serait son désir. Vide et libre d’investir, de consommer sans qu’aucunement il n’y paraisse. Et plus c’est vide, plus c’est anonyme, plus c’est conforme, plus on peut en jouir et y fourguer de marchandise, principe moteur... Piéton, traversez !

Au-delà, le cercle protège, comme une opération magique, mais où la raison ou le savoir de soi a remplacé les dieux ou autres forces convoquées. Ce savoir tout autant qu’il libère est une camisole. Pas une parcelle de terre que la raison ne piétine en la revendiquant. 

Le piéton est orphelin cosmique, cet isolement paraît une condition de sa liberté. Sa protection il ne l’a doit qu’à lui-même, comme s’il s’était auto engendré au sein d’un univers étrange, repoussé au-delà des limites de sa sphère. Pure illusion de l’isolement, au cœur des terres glaciales de la raison.

Entre le cercle rouge et le profil sans épaisseur, le champ blanc est absence, potentiel vide d’un être aseptisé par la tautologie du moi égal à soi. La où le soi est l’abstraction de l’autre, devient le tiers par réduction, échappe l’opulente matière.

Ne reste plus que le squelette de l’âme. Esthétisé pourtant, il reprend corps, s’offre à nouveau la perspective, et de cette mise en abysse, peut-être demain, eclot un nouvel être.

A propos du piéton de Marc Hubert

txt:Jean-Philippe Goffaux - Janvier 2008                      

plus d'image sur l'album photo : piéton et wall-*king

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